Qu'est-Ce que la chirurgie maxillo-faciale ?

La chirurgie maxillo-faciale consiste en une métamorphose du visage.
Il est important de souligner qu'il ne s'agit pas d'une chirurgie esthétique mais bien d'une chirurgie réparatrice qui engendrera malgré tout un certain changement physique.
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L'ostéotomie du maxillaire supérieur et/ou inférieur (mandibule) a pour objectif de repositionner les arcades dentaires quand il existe un décalage entre elles et quand l'orthodontie seule n'est pas suffisante à régler ce problème.
Les anomalies de la position des arcades dentaires et des dents elles-mêmes ont des conséquences à court, moyen et long terme qu'il faut connaître car ce sont elles qui justifient l'intervention chirurgicale.
Elles peuvent entraîner :
- des risques importants de déchaussements dentaires,
- une pathologie des articulations des mâchoires avec douleur, craquement, claquement, et contracture musculaire,
- une gêne à l'alimentation,
- une gêne à la parole,
- des maux de tête,
- des apnées du sommeil et ronflements,
- un retentissement esthétique en cas d'anomalie importante de position,
- une difficulté ou une impossibilité de mise en place de prothèse (dentier).
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La chirurgie a pour but de corriger les décalages osseux pour améliorer les fonctions masticatoires, respiratoires, et la parole. Elle corrige également les désagréments esthétiques.
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Cette prise en charge nécessite une association entre un orthodontiste et un chirurgien maxillo-facial.
L'orthodontiste doit préparer la position des dents au niveau de chaque arcade dentaire afin que le repositionnement des mâchoires par le chirurgien maxillo-facial se fasse en bonne condition et avec une bonne stabilité.
Les principes de la prise en charge ORTHODONTICO-CHIRURGICALE
Classiquement, la prise en charge justifie quatre étapes :
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1. Le diagnostic initial :
Le diagnostic initial est réalisé conjointement par l'orthodontiste et le chirurgien maxillo-facial selon l'examen clinique des dents, de la position des mâchoires, et des fonctions, mais aussi des examens radiologiques de face et de profil.
Des moulages en plâtre sont réalisés afin d'analyser la position des dents dans chaque arcade et la position de chaque arcade l'une par rapport à l'autre.
2. L'orthodontie préopératoire :
L'orthodontie préopératoire permet de préparer les arcades dentaires en alignant les dents et coordonnant les arcades l'une par rapport à l'autre, ce qui nécessite la pose de matériel orthodontique (bagues généralement).
Ce traitement dure en moyenne 12 à 18 mois et nécessite souvent d'augmenter le décalage entre les dents afin de préparer l'intervention.
Rarement, certains dents doivent être extraites pour permettre la préparation orthodontique préopératoire.
Une semaine avant l'intervention, le chirurgien réalise un nouveau bilan (examen clinique, radiologique, moulage de plâtre…) afin de s'assurer que le patient est bien préparé et que l'intervention est alors possible.
Les déplacements des mâchoires sont alors calculés et des guides chirurgicaux préparés afin de positionner les mâchoires pendant l'intervention.
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3. L'Intervention chirurgicale :
L'intervention chirurgicale est pratiquée sous anesthésie générale après consultation anesthésique préopératoire.
Toutes les incisions sont effectuées à l'intérieur de la cavité buccale à l'exception parfois de deux minimes incisions au niveau des joues afin de mettre en place les vis.
Le chirurgien découpe les os, les remet en position et les fixe par des petites plaques de titane.
Les fils de suture sont mis en place dans la bouche pour fermer les cicatrices et disparaissent au bout d'un mois environ. Un drainage peut être mis en place pour éviter le risque d'hématome. Des élastiques sont mis en place au niveau des bagues pour permettre de guider les mâchoires en bonne position.
La consolidation osseuse est obtenue au bout d'un mois et demi.
Le matériel d'ostéosynthèse est retiré en général un an après l'intervention.
La durée d'hospitalisation peut être variable d'environ 4 à 7 jours.
Après l'intervention, il est possible d'ouvrir la bouche, de parler et de boire de l'eau même s'il existe un certain inconfort lié à l'œdème qui persiste quelques jours après l'intervention.
L'alimentation sera liquide pendant une semaine après l'intervention puis mixée un mois, puis molle et adaptée à la douleur.
Après une période d'environ un mois, il est possible de reprendre une activité scolaire ou professionnelle normale.
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4. Le traitement orthodontique post-opératoire :
Le traitement orthodontique post opératoire permet d'ajuster définitivement les arcades dentaires après la chirurgie.
L'orthodontiste doit être revu environ 15 jours après l'intervention et la durée du traitement est d'environ 6 mois après l'opération, mais elle peut bien entendu être variable.
Le chirurgien contrôlera la bonne cicatrisation 15 jours après l'intervention, puis le patient sera revu régulièrement à 2 mois, 6 mois, 1 an et à la fin du traitement.
LES SUITES OPERATOIRES HABITUELLES
& LES SOINS POST-OPERATOIRES
L'hygiène de la cavité buccale doit être parfaitement réalisée : utilisation d'un jet dentaire pour le nettoyage des boîtiers, brossage de l'émail des dents (blanc des dents pendant 15 jours) puis brossage normal.
Le tabac doit être parfaitement arrêté depuis au moins un mois avant l'intervention et ne pas être repris avant la fin de la cicatrisation.
Des saignements minimes par le nez ou par la bouche sont fréquents juste après l'intervention et sont habituellement sans gravité.
Le gonflement des joues et des lèvres (œdème) est très fréquent et parfois important entraînant un inconfort quelques jours après l'intervention.
La douleur est modérée et cède avec des antalgiques simples et disparaît en quelques jours.
Des vessies de glace fournies en post-opératoire diminuent le gonflement et la douleur.
Des nausées et des vomissements sont courants suite à l'anesthésie générale et des médicaments sont prévus pour les limiter.
Les ostéotomies entraînent des troubles de la sensibilité de la lèvre inférieure mais aussi de la lèvre supérieure du fait de la dissection des nerfs. Cette sensibilité peut durer quelques semaines à quelques mois (parfois un an) et récupère spontanément sans traitement particulier.
Le déplacement des maxillaires peut s'accompagner d'une modification morphologique et donc esthétique du visage qui n'est évaluable qu'au bout de 2 à 3 mois.
Les risques lies à l'intervention
Tout acte médical même bien conduit recèle un risque de complications.
Il ne faut pas hésiter à prendre contact avec l'équipe chirurgicale en cas de problème.
Des saignements abondants sont rares au cours de l'intervention et peuvent exceptionnellement nécessiter une transfusion de sang voire un geste chirurgical complémentaire.
Dans 5% des cas d'ostéotomie du maxillaire inférieur, il peut persister des troubles de la sensibilité de la lèvre inférieure, du menton, de la gencive et des dents.
Au delà de la 3ème année, le déficit séquellaire peut être considéré comme définitif.
Une infection des tissus mous de la joue (cellulite) peut survenir quelques jours à quelques semaines après l'opération et nécessiter un traitement adapté.
Des traits de fracture imprévus lors de la section osseuse peuvent entraîner une durée prolongée du blocage des mâchoires.
Un retard ou une absence de consolidation osseuse, souvent favorisé par des facteurs extérieurs (traumatisme…) est très rare et nécessite de réaliser un nouveau blocage des mâchoires, parfois une greffe osseuse.
Des anomalies de positionnement des dents peuvent être constatées plus ou moins tardivement.
Si elles sont minimes, elles sont corrigées par le traitement orthodontique post-opératoire.
Dans des cas exceptionnels où elles sont importantes, elles peuvent justifier une ré intervention.
Des troubles des articulations des mâchoires peuvent se manifester (ou s'aggraver s'ils sont préexistants) après ce type de chirurgie. Ils sont également bénins et s'améliorent le plus souvent spontanément en quelques mois.
EN CONCLUSION
La chirurgie orthognathique est la chirurgie de repositionnement des mâchoires.
C'est une chirurgie qui s'inscrit dans une prise en charge multidisciplinaire où interviennent orthodontiste, chirurgien maxillo-facial mais aussi prothésiste dentaire et kinésithérapeute.
C'est une chirurgie pratiquée depuis de nombreuses années et très bien maîtrisée dont les risques sont relativement minimes.
Cette chirurgie n'est pas douloureuse car bien calmée par les différents traitements.
Elle entraîne certes un inconfort pendant les premiers jours post-opératoires lié à l’œdème.
Immédiatement après l'intervention, les mâchoires sont repositionnées, il est possible d'ouvrir la bouche, de parler, de s'alimenter.
La chirurgie entraîne des troubles de la sensibilité et la mise en place d'élastiques souples permet de guider la position des mâchoires.
L'hygiène buccale doit être impeccable.
Les activités scolaires ou professionnelles peuvent être reprises entre 15 jours et un mois après l'intervention.
Les activités à risque de traumatisme (sport) peuvent être reprises en moyenne deux mois après l'intervention.
C'est une chirurgie fonctionnelle (mastication, respiration, phonation), préventive (déchaussement dentaire) mais aussi esthétique dans la mesure où elle entraîne des modifications fonctionnelles mais aussi morphologiques.